J’étais de nouveau en Asie à Noël. Ma fille travaille à Bangkok pour une société Internet allemande.
Je n’étais pas allé dans la capitale de la Thaïlande depuis presque 30 ans, inutile de dire que je n’ai pas reconnu la ville ! A part les temples du Watpo, tout a changé. La ville a considérablement grandi, on y trouve toujours de petits ilôts de verdure, mais surtout beaucoup de gratte-ciels.
Ambiance Blade Runner
Le métro aérien, et les gigantesques centres commerciaux dans le centre évoquent l’ambiance de science-fiction du film culte Blade Runner. Les embouteillages, monstrueux, sont encore aggravés par les manifestations sporadiques des « jaunes », le mouvement des classes urbaines opposés au gouvernement agrarien des « rouges ». Ça bouge fort en Thaïlande !
Nos villes européennes sont des musées
L’an dernier à Hong Kong, j’ai été tout aussi impressionné. Quand on visite ces villes d’Asie, on a vraiment le sentiment que nos villes européennes sont des musées. Londres, ou mon fils travaille également dans une société Internet, est l’exception qui confirme la règle avec son urbanisme en plein boom.
La montée en puissance de l’Asie, il faut la toucher du doigt, pour ressentir l’immense énergie de ces peuples ! Si j’avais 20 ans, je partirais certainement m’installer là-bas. Je vais bientôt découvrir Séoul, ma société travaille de plus en plus avec les grands annonceurs coréens.
La vision d'un grand homme d'Etat de Singapour
En rentrant de Thaïlande, je me suis plongé dans la lecture de « One man’s view of the world », le livre de Lee Kuan Yew, le fondateur de Singapour, 93 ans.
En moins de cinquante ans, Lee a fait de la cité-Etat la Suisse de l’Asie. Il est rare de voir un homme d’Etat de ce calibre exposer, en toute simplicité et sans langue de bois, sa vision du monde.
La Chine
La Chine occupe naturellement une grande place dans ses réflexions. Lui qui a connu personnellement tous les dirigeants chinois, de Deng Xiao Ping à Xi Jingping – qu’il tient en très haute estime - ne croit pas à une future démocratisation du système. Depuis 5000 ans dit-il, les chinois pensent que leur pays n’est viable qu’avec un centre fort. Un centre faible signifierait confusion et chaos dans un pays de 1,3 milliard d’habitants, et le parti n’a aucune intention de lâcher les commandes. Il devra cependant lutter contre la corruption et le manque de motivation des cadres des entreprises publiques. La Chine sera la première économie du monde en 2020, mais sans doute pas encore un véritable état de droit. Moi qui espérais voir un jour tomber Tien Anmen comme le mur de Berlin…
Lee passe en revue l’Inde, dont l’émergence est freinée par le système des castes et la diversité linguistique, le Japon, condamné au déclin par sa démographie catastrophique et son refus de l’immigration, la Corée (il voit la situation bloquée pour longtemps au Nord), le Vietnam, etc. Son analyse sur la marche du Monde est d’une pertinence remarquable, rien ne lui a échappé, jusqu’au Proche-Orient compliqué, l’Afrique, et naturellement l’Amérique qu’il admire.
Et l'Europe?
Lee Kuan Yew aime l'Europe, mais pense que le déclin des Etats-providence européens est inévitable. Je vous en rendrai compte dans un prochain billet.